F.A.U.R.E.
Au cours des années 70-80, dans une célèbre publicité pour des appareils ménagers, on entendait ce nom consciencieusement épelé : Faure, F.A.U.R.E.
Pour la plupart des Peyratois c’était un nom familier. Il y avait des Faure dans plusieurs villages : Le Fresse, Les Boueix …Mais peu de gens savaient que la marque Faure, mondialement connue, avait été fondée par un enfant du pays.
En effet, Gilbert Faure naquit au Fresse le 24 novembre 1787 dans une famille d’agriculteurs. Entré au service militaire à 19 ans dans un régiment de chasseurs à cheval, il fit la campagne d’Allemagne en 1809, puis celles d’Espagne en 1810, 1811, 1812. Passé dans la gendarmerie avec le grade de maréchal des logis en 1813, il integra la gendarmerie d’élite de la garde impériale .

Et cette tenue d’apparat, concrétisait déjà une belle promotion sociale.
A la fin de l’aventure napoléonienne, Gilbert Faure revient se fixer en Creuse à la gendarmerie d’Evaux Les Bains, où il se marie le 25 octobre 1814 avec Gilberte Rouffet. Nommé chevalier de la légion d’honneur en 1836, il mourut à Evaux le 8 juin 1860.
La retraite de sous-officier et un emploi de secrétaire de mairie lui permirent d’élever convenablement ses 9 enfants, avec une attention particulière pour le petit dernier Antoine Théodore, né à Evaux le 20 mars 1830 et qui montrait de belles aptitudes scolaires. Diplomé ingénieur de l’école des Arts et Métiers d’Angers, il est embauché en 1854 par la Compagnie de chemins de fer des Ardennes à Revin . Dans cette petite ville, nichée dans un méandre de la Meuse, existe déjà de nombreuses usines métallurgiques.

Théodore Faure est d’abord employé aux Forges de Saint-Nicolas, mais il s’ennuie, alors, avec ses économies et celles de son associé Quénard il va acheter des batiments, des terrains, et créer sa première usine en 1856. Après avoir fabriqué des clous, il se lance dans le moulage d’objets en fonte ( pieds de bancs, plaques d’égout ou de cheminées ) et très vite, avec l’arrivée du train à Revin, son entreprise devient florissante. En 1875, devenu maire de Revin, il emploie 132 ouvriers dans 3 usines et commence alors la fabrication de poeles en fonte. Après le décès de Théodore en 1890, son fils Henri continue la progression en rachetant la plupart des usines voisines dans la vallée de la Meuse et le catalogue s’enrichit avec toute sorte d’ustensiles ménagers.

La guerre de 14-18 viendra mettre un frein à cette progression mais l’activité continue dans deux usines de repli, à Nevers (58) et Conches (27 ).
De retour dans les Ardennes et sous l’impulsion des fils d’Henry Faure, (Raymond, Louis, Pierre ), la production repart de plus belle avec une multitude d’appareils, cuisinières, cheminées, poeles, chaufferettes, fers à repasser…etc…parmi 1400 références.
Avec ce succès industriel vient le temps du social : à partir de 1931 chaque ouvrier gagnait 20% supplémentaires par enfant, c’était les allocations familiales avant l’heure. D’autre part, on fit construire une cité de 132 logements de 4 à 5 pièces mis à disposition pour un loyer modique.
Mais la deuxième guerre mondiale va provoquer une baisse d’activité et la reprise en 1945 sera difficile avec la concurrence étrangère , italienne en particulier, et quelques mauvais choix économiques.
La marque Faure sera vendue en 1960 à son grand concurrent Arthur Martin, puis au Suédois Electrolux en 1975 et finalement en 2025 au groupe MDA Company.